Qui aujourd’hui n’a jamais entendu parler de ce mouvement artistique contemporain appelé le street art ? Forme d’art de plus en plus en vogue et désormais reconnue, une certaine méconnaissance perdure pourtant à son sujet. Alors, formulons d’emblée la question que vous vous posez peut-être : qu’est-ce que le street art ? Comme son nom l’indique, il s’agit d’un art urbain, ou d’un art de rue, se décomposant en de multiples formes et techniques. Un art par lequel le créateur va donner vie à son œuvre dans la rue, sur des murs par exemple. Il est dès lors important de différencier le street art du vandalisme. Pour ce dernier, il n’y a aucune volonté de création artistique. Si le street art conserve encore aujourd’hui une valeur subversive et reste pour certains un art illégal, contestataire et provoquant, il n’y a nulle comparaison possible. Certes, les motivations des street-artistes varient et la diffusion de leur message se fait généralement sans aucune autorisation préalable. Mais c’est justement la force de ce mouvement artistique. L’espace urbain est devenu comme la « tribune libre » des artistes contemporains. Le street art est ainsi un art accessible et visible par tout le monde, gratuitement, s’offrant sans filtre et sans besoin du moindre intermédiaire. Avec cette autre caractéristique loin d’être anodine : celle de permettre la transformation des villes en de véritables musées à ciel ouvert. Vous voulez en savoir plus sur cette forme d’art urbain ? Découvrir l’histoire du street art, ses techniques et ses artistes célèbres ? Suivez le guide ! Légende : Une œuvre emblématique du street artiste américain Keith Haring, We are the youth (Wikimedia Commons) Le street art est donc l’art qui se porte sur les murs. Il est né aux États-Unis dans les années 1960, plus précisément à Philadelphie. À la base, il est associé à la culture « punk » avec l’utilisation de peinture en aérosol pour graffer, réaliser des graffitis. Deux artistes vont plus particulièrement permettre son essor : Cool Earl et Cornbread. Ce dernier, de son vrai nom Darryl McGray, est considéré comme le premier graffeur moderne. Son histoire est célèbre et attendrissante. Celle d’un jeune homme amoureux mais timide qui déclame sa flamme à la dame de son cœur par le biais de graffitis restés célèbres sur les murs de son quartier. Ces derniers ont tous le même message : « Cornbread loves Cynthia ». L’histoire du street art est lancée. À la fin des années 1960, ce nouveau mouvement artistique s’étend à New York où il va prendre de l’ampleur. Le contexte de l’époque, avec la bétonisation des villes, l’apparition des banlieues et la densification des transports urbains, favorisent d’ailleurs son expansion. La décennie suivante voit ainsi émerger de talentueux artistes qui popularisent le street art, comme Taki 183 ou Keith Haring par exemple. Ce dernier fait des friches du sud de Manhattan et du métro new-yorkais son terrain de jeu. C’est à la fin des années 1970 que le street art commence à apparaître en Europe et en France. Il devient une étiquette utilisée par des artistes qui refusent de se fondre dans la masse. Il se diffusera ensuite dans le monde entier. En France, il faut attendre les années 1980 pour que ce nouveau mouvement artistique s’épanouisse. Grâce à plusieurs artistes pionniers comme Blek le Rat ou Jérôme Mesnager, le street art se fait un nom dans l’Hexagone. Dans les années 1990, de nouveaux artistes émergent et diffusent mondialement le street art. Chacun développe sa marque de fabrique ou son style, lui permettant d’être réellement reconnaissable dans l’espace urbain. C’était déjà le cas aux États-Unis avec la « griffe » de Keith Haring : la répétition de formes synthétiques soulignées d’un trait noir avec des couleurs vives. En Europe, l’artiste britannique Banksy devient très célèbre grâce à ses graffitis de rats. Le Français Invader se singularise lui par l’utilisation de mosaïques par lesquelles il crée de petits martiens. Légende : le fameux rat de Banksy (Wikimedia Commons) Si la première exposition d’œuvres d’un graffeur date de 1972 à New York, il a fallu attendre longtemps pour que le street art accède à la reconnaissance. Ce n’est en effet que dans les années 2000 qu’il est reconnu comme un art à part entière. C’est à cette époque qu’a été créée le M.U.R (Modulable, Urbain, Réactif), une association de 80 street artistes. Le but ? Squatter régulièrement de grands panneaux publicitaires à Paris pour y exposer leurs œuvres. En 2001, une exposition collective dans une galerie de jour d’Agnès B. permet de mettre en lumière le travail de plusieurs artistes. Puis, en 2009, c’est la consécration. En mars, une exposition au Grand Palais regroupe les créations de 150 tagueurs internationaux. Puis, en juillet, la fondation Cartier organise une exposition collective intitulée « Né dans la rue ». Le street art est depuis reconnu comme un mouvement artistique à part entière et les collectionneurs intéressés sont de plus en plus nombreux. La conquête du marché de l’art a longtemps divisé ses artistes. Beaucoup craignaient cette institutionnalisation et, par elle, la perte de l’essence même de leur mouvement artistique. Aujourd’hui, on se rend compte que nombre d’entre eux continuent de pratiquer leur art dans les rues même après la reconnaissance des galeries d’art venue. Des espaces autorisés voient de plus en plus le jour, permettant aux artistes de diffuser leurs œuvres légalement dans l’espace urbain. La rue est en fait aujourd’hui devenue un tremplin qui peut permettre d’accéder à la reconnaissance du marché de l’art. Preuve que l’essence du street art n’est absolument pas en voie de disparition. Les techniques utilisées par les street artistes sont extrêmement diversifiées. Petit tour d’horizon de celles qui sont principalement employées : En 1933, le célèbre photographe Brassaï qualifiait le graffiti « d’art bâtard des rues mal famées ». D’origine ancienne, le graffiti est une forme d’expression révolutionnaire. En effet, il peut être exposé partout dans l’espace public et être accessible à tous. D’abord considéré comme du vandalisme, comme par Brassaï par exemple, il permet d’apposer une marque, une signature, ou de faire passer un message. Il existe différentes catégories de graffitis : L’utilisation du pochoir apparaît dès les années 1980. Il s’agit d’une nouvelle forme d’expression à un moment où les graffitis couvraient toujours plus les murs. Cette technique, simple de création et d’utilisation, rend les œuvres encore plus précises et percutantes. Celles-ci sont d’ailleurs souvent assorties d’un message frappant. Le pochoir, fabriqué à base d’un matériau rigide quelconque (bois, plastique, métal…), a en plus un autre avantage. Après que l’artiste ait passé sa bombe de peinture sur le pochoir, donnant vie à son dessin, il lui est très facile de le transporter ensuite. Cela lui permet donc de reproduire plusieurs fois et facilement la même œuvre à divers endroits. Les stickers sont aussi de plus en plus utilisés par les street artistes. Cela consiste à réaliser une création en se servant d’autocollants. Très faciles à transporter et à utiliser, ils ont aussi l’atout de moins dégrader l’environnement que la peinture par exemple. L’artiste français JR a ainsi exposé dans les rues des visages d’inconnus qu’il avait préalablement photographiés. De la même manière, vous avez peut-être déjà pu admirer ses portraits de femmes sur les quais de Seine à Paris. Légende : Une œuvre de Jef Aérosol à Paris (Wikimedia Commons) Le nombre de techniques utilisées par les street artistes est en réalité très important, permettant la grande variété de styles de leurs productions : Légende : Une œuvre de yarn bombing à Clermont-Ferrand (Wikimedia Commons). Légende : L’œuvre la plus connue de Banksy, Rage, the Flower thrower (Wikimedia Commons). Cet artiste britannique, connu uniquement par son pseudonyme de Banksy, est mondialement reconnu, bien que son identité officielle reste encore aujourd’hui un mystère pour beaucoup ! Ses œuvres font partie de celles qui ont le plus permis de sensibiliser le grand public à l’art urbain, d’où sa notoriété. Ce qui explique le fait qu’on le surnomme parfois « le plus célèbre des clandestins ». Banksy apparaît à Bristol, en Angleterre, en 1999. Ayant fait du pochoir sa marque de fabrique, du rat son symbole, ses œuvres ont un fort message politique et militant. Antisystème, il les accompagne souvent de slogans cyniques. Comme beaucoup d’autres artistes, il va tirer profit de la reconnaissance artistique du street art dans les années 2000. En 2008, il expose au musée de Bristol une version revisitée du fameux tableau de 1857 du peintre J. F. Millet, Les Glaneuses. Cette toile avait déjà choqué à l’époque, jugée subversive par la bourgeoisie dominante qui était reléguée à l’arrière-plan par de simples paysannes, personnages principaux de l’œuvre. Banksy innove alors en sortant l’une des glaneuses du cadre. Celle-ci s’est installée tranquillement sur le rebord du tableau pour fumer une cigarette. Comme symbole de la reconnaissance internationale de son talent, un seul chiffre suffit. En 2008, l’une de ses toiles a en effet été vendue aux enchères à New York pour 1 700 000 $ ! Légende : La « griffe » de Keith Haring dans une création datant de 1989 (Wikimedia Commons). Parmi les autres street artistes importants et renommés, difficile de ne pas citer Keith Haring, parfois surnommé le « Michel-Ange » du métro de New-York. Ce dernier diffuse ensuite sa « griffe » sur les murs de tout Manhattan, en multipliant ces mêmes silhouettes androgynes emplies de couleurs vives. Décédé en 1990 des suites du sida, son influence sur l’art est considérable. Ses œuvres sont depuis régulièrement exposées dans le monde, comme à Essen en Allemagne en 2020. En France, de nombreux artistes ont popularisé le street art, comme Blek le Rat ou Jef Aérosol, deux pionniers de l’utilisation de la technique du pochoir. L’utilisation de mosaïques pixellisées est par contre préférée par Invader. Celui-ci a emprunté son pseudonyme au célèbre jeu vidéo des années 1980, « Space Invaders ». Ce sont d’ailleurs les petits aliens tirés de ce jeu qu’il a rendu emblématiques en les exposant sur les murs de 67 villes du monde. Durant les années 2000, son style a évolué vers le « rubikcubisme ». Ce courant artistique que Invader a créé allie les principes du cubisme et l’utilisation de rubik’s cubes. Cela aboutit à la réalisation de portraits à mi-chemin entre le tableau et la sculpture. Invader a, par exemple, créé une Rubik Mona Lisa. Cette Joconde, composée de 300 rubik’s cube, a été vendue aux enchères 480 200 € en 2020. Légende : L’un des fameux petits aliens d’Invader (Wikimedia Commons). Les street artistes reconnus sont aujourd’hui nombreux, symboles d’un street art bel et bien perçu comme un art à part entière. C’est le cas des jumeaux brésiliens Os Gemeos ou de l’Américain Shepard Fairey. Connu sous le nom de Obey, il s’est rendu célèbre en réalisant en 2008 une affiche de soutien à Barack Obama intitulée Hope. Désormais démocratisé et accepté, le street art est apprécié partout. De nombreuses preuves en attestent, rien qu’en France. À Paris, le tunnel des Tuileries, dédié désormais aux déplacements doux, a ainsi été transformé en galerie de street art. De nombreuses villes créent dorénavant des circuits culturels axés sur le street art, permettant de découvrir fresques et graffitis, comme à Clermont-Ferrand par exemple. En 2022, une gigantesque fresque par anamorphose de l’artiste Seth, réalisée dans le centre-ville du Mans, a marqué les esprits. Elle a été élue deuxième plus belle fresque de street art réalisée en juin 2022 dans le monde, d’après le site « Street Art Cities ». Ce dernier recense les fresques à travers le monde. Cette œuvre monumentale a été peinte sur les murs d’une voie sans issue et sur la façade d’un immeuble en arrière-plan. Seth plonge ainsi le promeneur dans son univers enfantin et poétique tout en donnant de la vie à la ville du Mans. Ou quand le street art fait de l’espace urbain un musée auquel tout le monde a accès. Légende : Une œuvre de Tape art à Cologne (Allemagne) en 2017. Intéressé par le street art et la création artistique en général ? Tenté pour faire d’une de ces œuvres la vôtre afin d’embellir votre intérieur ? Prenez le temps d’admirer les toiles abstraites qui garnissent la boutique de Tali Paint. Vous aurez peut-être un coup de cœur ! Auteur : Johann SonneckUne petite histoire du Street Art
Aux origines du Street Art
La diffusion du Street Art en Europe
La reconnaissance internationale
Une multitude de techniques différentes pour une créativité sans cesse renouvelée
Le graffiti, la technique caractéristique du street art
Le pochoir et les stickers : d’autres techniques emblématiques du street art
Une variété étonnante de techniques
Street Artistes d’hier et d’aujourd’hui : de grands artistes connus et reconnus
Le plus célèbre Street Artiste : Banksy
Les autres grands noms du Street Art
Le Street Art aujourd’hui
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